Blessure d’abandon : quand la peur d’être seul nous empêche d’être nous-mêmes
		Derrière bien des angoisses relationnelles, des peurs d’être seul·e ou des montagnes russes émotionnelles, il y a souvent une blessure d’abandon non cicatrisée.
Cette blessure est la deuxième plus douloureuse après celle du rejet, car elle touche directement l’Être. Elle s’imprime très tôt, entre 1 et 3 ans, lorsque l’enfant ressent une forme d’absence, d’éloignement, ou de manque de présence affective. Cela peut être dû à :
- Une mère très occupée par un autre bébé
 - Un parent souvent absent ou indisponible émotionnellement
 - Une hospitalisation, un moment où l’enfant n’a pas été compris ni soutenu
 - Un manque de communication avec le parent du sexe opposé
 
Face à cela, l’enfant développe un masque de dépendant. Une manière inconsciente de cacher sa douleur, de s’adapter pour ne plus jamais revivre ce sentiment de solitude.
Ce que le corps raconte
La blessure d’abandon s’imprime jusque dans le corps. Ce dernier devient comme un langage silencieux de l’histoire vécue.
Les personnes touchées présentent souvent :
- Un corps long, mince, manquant de tonus
 - Un dos légèrement courbé, des épaules tombantes
 - Une posture corporelle qui semble dire : « Je ne peux pas y arriver seul·e. »
 - Des bras qui ne savent pas trop où se placer, comme en attente d’un appui extérieur
 
Parfois, elles cherchent à masquer cette faiblesse perçue à travers la musculation, la chirurgie ou des postures sociales affirmées. Mais le corps, lui, sait.
Le masque du dépendant : se faire aimer coûte que coûte
Le dépendant a peur d’être seul·e, au point de rester dans des situations qui ne lui conviennent plus. Il va jusqu’à s’oublier, se sacrifier, faire des pirouettes affectives pour garder l’autre à ses côtés. Il attend des signes d’amour, des preuves, des mots, du contact. Et lorsqu’il donne, il espère en retour.
Il a besoin qu’on le voie. Il demande l’avis des autres, sans vraiment écouter leurs réponses. Il cherche un guide, un appui, une présence.
Et parfois, quand cette attention n’est pas au rendez-vous, il va tomber malade, inconsciemment, pour attirer l’attention. Des maux de dos, des migraines, une grande fatigue… Comme si son corps criait : « Aime-moi. Reste avec moi. »
Dans la relation à l’autre
La peur d’être seul·e amène le dépendant à rester dans des relations déséquilibrées. Il peut bouder, faire du chantage, poser mille questions, paniquer devant un refus ou une absence. Il interprète les silences, dramatise les distances.
La fin de quelque chose est toujours difficile pour lui : un déménagement, une rupture, un changement de rythme ou d’environnement. Il aime que les choses durent, que rien ne change. Tout changement lui rappelle l’abandon originel.
Il se sent responsable du bonheur et du malheur des autres. Il fusionne, au point de se perdre dans la relation. Et il peut aller très loin pour être accepté, même dans des situations destructrices.
Dans la sexualité
La sexualité peut devenir pour lui un outil d’attachement. Être désiré·e, c’est être important·e. C’est être vu·e, reconnu·e.
Certaines femmes demandent plus de sexe non pas par désir charnel, mais parce qu’elles souffrent intérieurement de l’abandon. Le contact charnel devient un apaisement temporaire de cette douleur. Dans certains cas, des personnes peuvent même accepter des configurations de couple qu’elles ne souhaitent pas vraiment (comme des relations à trois), simplement pour ne pas perdre l’autre.
Dans la communication
Le dépendant a du mal à dire ce qu’il pense vraiment. Il a peur que ses mots blessent, qu’ils fassent fuir, qu’ils provoquent un silence. Alors il se tait, il attend, il s’adapte.
Il a aussi peur de ne pas être entendu, de ne pas être soutenu. Il peut devenir boulimique pour compenser cette absence. Les aliments mous, réconfortants, lui donnent l’illusion d’un amour reçu.
La peur d’être seul·e peut aller jusqu’à générer des phobies comme l’agoraphobie. Il a besoin de sortir avec quelqu’un de sécurisant. Il peut ressentir des palpitations, des tensions musculaires, des vertiges, ou même des pensées obsédantes : peur de mourir, de devenir fou, de perdre le contrôle.
Et le poids des générations…
Très souvent, cette blessure n’est pas née avec nous. Elle se répète.
Elle a touché un parent, un grand-parent. Le parent du sexe opposé est souvent impliqué dans le déclenchement de la blessure d’abandon. Et si ce parent a vécu la même chose avec son propre parent, alors la boucle se répète, génération après génération.
On en veut à ce parent. Parfois même, on en veut au parent du même sexe, car il laisse l’autre prendre toute la place. Et tant que cette colère, même inconsciente, est là, nos relations avec les personnes du même sexe que ce parent resteront difficiles.
Un travail en profondeur
La guérison de cette blessure ne passe pas par l’indépendance radicale. Elle passe par la capacité à se soutenir soi-même, à se donner de l’amour, à reconnaître ses besoins… sans attendre qu’un autre vienne les combler.
Un simple mot peut réveiller la blessure :
Quand quelqu’un dit « je vais t’abandonner », cela fait l’effet d’une claque. Il est important de remettre du sens dans les mots. Proposer à l’autre de dire : « je vais devoir partir un moment » plutôt que « je vais t’abandonner », peut faire une grande différence.
Quand le corps parle : maladies associées
Certaines maladies reviennent souvent chez les personnes touchées par cette blessure :
- Asthme : sentiment de ne pas recevoir assez
 - Hypoglycémie, diabète : manque de douceur affective
 - Troubles digestifs : impression de ne pas se nourrir correctement
 - Myopie : peur de l’avenir
 - Dépressions : lorsque l’amour reçu ne suffit jamais
 - Migraines : trop de pression pour être à la hauteur
 - Maladies rares, incurables : la souffrance non exprimée s’incarne profondément
 
Vers la guérison : se donner du soutien
Le chemin de guérison commence lorsqu’on accepte de voir sa blessure, sans honte, sans se juger. Il s’agit de reconnaître toutes les fois où l’on a eu peur d’être seul·e, où l’on a demandé trop, ou pas assez, où l’on s’est oublié pour ne pas perdre l’autre.
On commence à se donner du soutien intérieur :
- Par l’image mentale d’un appui, d’une présence rassurante
 - En se rappelant que notre valeur n’est pas définie par le regard des autres
 - En prenant soin de soi, comme on aimerait qu’un autre le fasse
 
Une invitation à l’amour véritable
Ce que cette blessure appelle, au fond, c’est l’amour véritable.
Celui que l’on se donne à soi-même. Celui qui ne cherche plus à être validé, reconnu, approuvé. Celui qui permet de se dire : « Je suis assez. Je suis aimable. Même quand je suis seul·e. »
En tant que sexothérapeute à Montpellier, j’accompagne des personnes qui souhaitent mieux se comprendre, améliorer leurs relations et retrouver une liberté intérieure. L’un des outils puissants que j’utilise s’inspire des travaux de Lise Bourbeau, auteure de Les 5 blessures qui empêchent d’être soi-même.
