Le Frileux – Quand l’amour fait trop peur

A man in deep thought and prayer, showcasing tattoos and an earring in a powerful black and white image.

Une apparente froideur, une sensibilité anesthésiée

Le Frileux semble détaché, dans sa bulle. Il peut donner l’impression d’un être distant, presque anesthésié. Son regard est parfois vide, coupé de la réalité. Ce n’est pas qu’il ne veut pas de lien : il en a envie, mais il en a peur. Trop près, il se blesse ; trop loin, il se sent abandonné. Il évolue dans une tension constante entre besoin de proximité et peur d’être envahi.

Cette posture vient souvent d’une enfance marquée par une absence de chaleur affective. Un parent dépressif, distant, sévère ou absent peut conduire l’enfant à couper ses émotions pour survivre. La solution trouvée alors : ne plus ressentir. Cela crée un figement du système nerveux, une dissociation émotionnelle.

Une vie émotionnelle mise à distance

Le Frileux a appris très tôt à faire confiance à son intellect plutôt qu’à ses ressentis. Son énergie vitale circule peu, il est souvent dans une forme de « freeze » : plus vraiment vivant, mais pas tout à fait absent. Il peut souffrir d’un manque de joie de vivre, se sentir comme un zombie, déconnecté.

Dans la relation, il attire… puis repousse. Il donne chaud, puis froid. Ces va-et-vient sont déstabilisants pour le partenaire. La relation devient difficile à suivre : il semble engagé un instant, puis totalement distant l’instant d’après.

Une histoire ancienne, un corps figé

Les origines de ce schéma sont souvent précoces : grossesse difficile, accouchement traumatique, mère absente ou frileuse, dépression maternelle non reconnue. L’enfant, non accueilli dans ses besoins primaires (toucher, chaleur, sécurité), grandit sans point d’ancrage corporel. Ce manque de maternage peut créer un vide existentiel, une peur viscérale de l’autre… et de soi-même.

En grandissant, il évite l’intimité : elle représente un danger. Il ne sait pas poser de limites, ne s’autorise pas à la colère. À la place, une sensation d’impuissance prend toute la place. Il se coupe de l’autre par l’intellect pour se protéger.

Une apparente maîtrise, mais un manque de régulation

Le Frileux pense qu’en comprenant, il pourra gérer. Mais en psychothérapie, comprendre ne suffit pas. Il faut aussi ressentir, vivre, incarner. Ce qu’il fuit. Il n’aime pas être touché, ni dans son corps, ni dans son cœur.

Et pourtant, sous cette apparente froideur se cache une grande sensibilité, une réceptivité fine, parfois même des dons sensoriels. Il peut être très proche des animaux, aimer les plantes, être attiré par la spiritualité. Mais cette richesse est enfermée derrière une armure.

L’effet miroir de la relation amoureuse

Dans la relation, il est souvent dans un lien d’attachement évitant. Il projette sur son ou sa partenaire des images négatives : « mauvaise mère », « mauvais objet ». Ce clivage vient de son histoire : enfant, il ne pouvait pas penser que le parent était défaillant, alors il s’est attribué le rôle du “mauvais objet”.

Il peut difficilement vivre une relation amoureuse adulte saine tant qu’il reste figé. Il fuit les émotions agréables comme les désagréables, car les deux représentent un risque. Il vit la relation à distance, de manière analytique, presque froide.

Vers un retour au vivant

Le chemin de guérison passe par la reconnexion aux sensations : le corps est la clé. Il s’agit d’apprivoiser peu à peu le plaisir, la douceur, les émotions simples. Sentir le vent sur la peau, le goût d’un aliment, la chaleur d’un massage. Le tantra, le yoga, la danse, les massages… sont autant de portes pour revenir à soi.

Il est aussi essentiel de renouer avec la colère, de dire non, de poser des limites. D’exister dans la relation, sans se perdre. Les thérapies corporelles comme le Somatic Experiencing, l’EMDR ou encore l’hypnose permettent de délier les figements, de libérer les charges émotionnelles restées coincées.

Se réconcilier avec le lien

Il est possible d’aimer quand on est Frileux, à condition d’apprivoiser ses rythmes, de respecter son besoin de lenteur. Il ne s’agit pas de se précipiter dans l’intimité, mais de créer des liens progressifs, sécurisants, incarnés.

Apprendre à vivre et sentir plutôt qu’à tout comprendre. Se reconnecter à son corps, un pas à la fois. Unifier ses parts dissociées. Ne plus être cet enfant rejeté qui se rejette lui-même.

Et découvrir, au fil du temps, qu’on peut aimer… sans se perdre. Et être aimé… sans se fuir.


Cet article est le deuxième d’une série inspirée du livre de Véronique Kohn, “Quel amoureux êtes-vous ?”, dans laquelle nous explorerons différents profils amoureux façonnés par nos blessures d’enfance, pour mieux comprendre nos réactions et transformer nos relations.

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