Blessure d’injustice : quand tout doit être parfait pour se sentir digne
		Rigidité, contrôle de soi, besoin de reconnaissance… Et si c’était une armure ?
Toujours droit·e, toujours fort·e. Toujours à la hauteur.
Vous avez l’impression que si vous ne maîtrisez pas tout, vous n’êtes pas légitime ? Que vous devez être irréprochable, performant·e, organisé·e, sans faiblesse ?
Derrière ce besoin de perfection peut se cacher une blessure d’injustice. Une douleur ancienne, souvent méconnue, mais bien présente dans le quotidien.
En tant que sexothérapeute à Montpellier, je rencontre de nombreuses personnes qui s’imposent des règles de conduite très strictes. Elles se plaignent rarement, n’aiment pas parler de leurs problèmes, mais vivent une grande tension intérieure. Et sous cette carapace, il y a souvent… un cœur qui souffre de ne pas pouvoir être simplement lui-même.
Quand naît la blessure d’injustice ?
Elle s’installe généralement entre 4 et 6 ans, avec le parent du même sexe.
Un parent perçu comme froid, critique, autoritaire ou exigeant. Pas forcément maltraitant, mais peu démonstratif. L’enfant apprend très vite à faire bien, à se conformer, à mériter. Il se coupe peu à peu de ses ressentis pour se protéger.
Et pour ne pas déranger, il crée un masque : celui du rigide.
Le masque du rigide : être parfait pour ne pas souffrir
Le rigide fait tout pour ne pas ressentir : ni la douleur, ni la peur, ni l’émotion. Il se concentre sur ce qu’il faut faire, ce qu’il faut être, ce qu’il faut montrer.
Il devient une personne :
- Organisée, carrée, efficace
 - Qui répond toujours « ça va », même quand ça ne va pas
 - Qui ne se laisse pas toucher, pour ne pas être vulnérable
 - Qui se sur-adapte, jusqu’à s’oublier
 - Qui valorise ce qu’elle fait, plus que ce qu’elle est
 
Sa plus grande peur ? La froideur. Être perçu·e comme inutile, incapable ou faible. Alors il se raidit. Il se contracte. Il tient. Il continue.
Ce que le corps raconte
Le corps du rigide parle pour lui :
- Silhouette droite, souvent musclée, tenue impeccable
 - Bras serrés contre le corps, jambes croisées : le plexus solaire est fermé
 - Tensions chroniques : dans les épaules, les bras, les mâchoires
 - Vêtements sombres ou serrés : pour ne pas se faire remarquer, ou pour se sentir contenu·e
 - Gêne avec les rondeurs, surtout chez les femmes : la féminité est vue comme un danger de faiblesse
 
La personne rigide refuse souvent son propre corps. Elle veut le dominer. Et lorsqu’il lâche (burn-out, douleurs chroniques, maladie), elle se sent injustement punie.
Dans la sexualité
Le rigide a souvent du mal à lâcher prise. Il a peur de ne pas être à la hauteur, de ne pas savoir faire, de perdre le contrôle. Il peut être très attirant, séduisant… mais bloqué dans l’expression de ses émotions profondes.
Il peut :
- Se retenir d’éprouver ou de montrer du plaisir
 - Être très performant, mais peu connecté à ses ressentis
 - Ne pas s’autoriser à exprimer ses envies, ses fantasmes
 - Se censurer, même dans l’intimité
 
Et parfois, il se juge sévèrement : « J’aurais dû faire mieux », « Ce n’était pas parfait ». Le plaisir devient un terrain d’évaluation, et non de liberté.
Dans la communication
La blessure d’injustice crée un style de communication très contrôlé :
- On parle peu de soi, pour ne pas être jugé·e
 - On cherche à ne jamais se tromper
 - On évite les questions personnelles
 - On répond « très bien » sans vraiment s’écouter
 - On veut être compris tout de suite, sinon on se sent attaqué·e
 
Et lorsqu’il y a un conflit, on prend sur soi, on s’éloigne, on se referme. Parfois, la colère explose… mais c’est rare. Elle est plus souvent retournée contre soi.
Dans la vie quotidienne : exigence et épuisement
Le rigide est très exigeant, surtout envers lui-même :
- Il déteste perdre du temps
 - Il veut que tout soit fait rapidement… et parfaitement
 - Il souffre si les autres ne reconnaissent pas ses efforts
 - Il a du mal à demander de l’aide, ou à se reposer
 - Il culpabilise s’il prend du plaisir ou s’il ne fait « rien »
 
Il a souvent du mal à s’engager, car il a peur de se tromper. Il réfléchit, compare, analyse, jusqu’à parfois se bloquer complètement. Et quand il agit, il veut des résultats concrets, immédiats, visibles.
Maladies fréquentes associées
- Burn-out (physique ou émotionnel)
 - Troubles musculosquelettiques (tendinites, torticolis, douleurs articulaires)
 - Problèmes de peau (psoriasis, peau sèche, boutons)
 - Problèmes digestifs et de foie (colère non exprimée)
 - Constipation, hémorroïdes (difficulté à lâcher)
 - Troubles du sommeil, insomnie
 - Nervosité, tension permanente
 
Vers une guérison : se donner le droit d’être imparfait·e
Guérir de la blessure d’injustice, c’est se permettre de ressentir, d’être humain·e, vulnérable, vivant·e. C’est sortir de l’armure pour renouer avec ce qui fait sens pour soi.
Petit à petit, la personne rigide peut :
- Accepter ses émotions, même si elles dérangent
 - S’autoriser à se tromper, sans se juger
 - Se détendre, vraiment
 - Dire « je ne sais pas », « j’ai peur », « je suis touché·e »
 - Se reconnecter à ses besoins, à ses désirs, à son corps
 
En thérapie, cela demande souvent un travail corporel et émotionnel, pour relâcher les tensions, explorer les automatismes, retrouver une sécurité intérieure plus souple.
En résumé
- La blessure d’injustice se crée face à un parent froid, autoritaire ou distant
 - Elle pousse à se suradapter, à se couper de ses émotions, à rechercher la perfection
 - Elle se manifeste par une rigidité physique, psychique et relationnelle
 - Elle impacte fortement la sexualité, la communication, la santé
 - La guérison passe par l’acceptation de ses limites, de ses ressentis et de sa valeur profonde
 
En tant que sexothérapeute à Montpellier, j’accompagne des personnes qui souhaitent mieux se comprendre, améliorer leurs relations et retrouver une liberté intérieure. L’un des outils puissants que j’utilise s’inspire des travaux de Lise Bourbeau, auteure de Les 5 blessures qui empêchent d’être soi-même.
