L’Altruiste – S’oublier pour mériter l’amour
		L’amour comme condition d’existence
L’Altruiste aime le partage, la bonté, la bienveillance. Donner, coopérer, prendre soin : voilà ce qui l’anime profondément. Il est tourné vers les autres, prêt à répondre à leurs besoins… parfois au détriment des siens. Il peut aller jusqu’à s’oublier, croyant que c’est ainsi qu’il se fera aimer.
Ce profil, souvent lié à une blessure d’abandon ou à un manque de reconnaissance dans l’enfance, développe une grande empathie. Il ressent intensément ce que vit l’autre, au point d’en perdre le contact avec ses propres émotions, ses besoins ou ses limites.
Un sauveur en quête de reconnaissance
L’Altruiste donne pour répondre aux attentes des autres, mais aussi, inconsciemment, pour recevoir de l’amour en retour. Il peut s’investir corps et âme dans la relation, devenir indispensable, corvéable à merci. Dans cette posture de “sauveur”, il s’épuise à force d’être trop disponible.
Très présent dans les métiers d’aide (soignants, enseignants, coachs, pompiers…), l’Altruiste est productif, engagé, mais peut vite se retrouver vidé s’il ne prend pas soin de lui-même. Il fuit la solitude, qu’il remplit d’actions, de travail, d’attention à l’autre. Ce trop-plein masque souvent une béance affective : un vide intérieur difficile à regarder.
Le piège de l’illusion et de la dépendance
Il peut croire qu’il n’a besoin de personne, développer une contre-identité forte, mais continue pourtant à attendre des signes d’amour, souvent sans les demander. Il rêve d’un partenaire capable de deviner ses besoins, de lire en lui… mais se berce parfois d’illusions.
L’Altruiste peut s’attacher à des relations qui ne lui conviennent pas, espérant que la relation changera, qu’en donnant encore un peu plus, il obtiendra ce qu’il espère. Il peut rester prisonnier de liens toxiques, par peur d’être seul ou de ne pas être à la hauteur.
Dans la sexualité aussi, il cherche un apaisement. Elle devient parfois un soin, une tentative de remplir le vide. Mais cette plénitude est souvent éphémère. Il se cramponne à l’autre, alors que ce serait le moment de se recentrer sur soi.
Revenir à soi sans rompre le lien
Le chemin de guérison de l’Altruiste est un apprentissage : sentir ses besoins, les reconnaître, les accueillir. Il s’agit d’arrêter de culpabiliser, de sortir de la peur de manquer ou d’être abandonné, de poser des limites claires et de les respecter.
Cela demande de revenir à son corps, ici et maintenant. De sortir de la confusion entre passé et présent. De reconnaître ses émotions sans s’y noyer. C’est un va-et-vient à apprivoiser : être en lien sans se perdre, être présent à l’autre sans se déserter.
Il peut s’aider de pratiques corporelles ou de thérapies (EMDR, hypnose, analyse transactionnelle, TCC, tantra, yoga, danse, méditation…), qui l’invitent à cultiver la douceur envers lui-même. La gratitude, les petits gestes quotidiens, les contacts physiques apaisants, sont des outils précieux pour se reconnecter.
Aider sans s’oublier
Ce n’est pas parce qu’on se choisit qu’on cesse d’aimer. Au contraire. En posant ses limites, en prenant soin de soi, l’Altruiste cesse d’attendre que l’autre le comble. Il retrouve la liberté d’aimer sans dépendance.
Il apprend à aider sans se substituer, à donner sans se vider, à recevoir sans honte. À s’aimer, tout simplement. Et à sortir de ce rôle de “poids lourd de l’amour” qui envahit, pour devenir un partenaire véritablement présent et vivant dans la relation.
Cet article est le troisième d’une série inspirée du livre de Véronique Kohn, “Quel amoureux êtes-vous ?”, dans laquelle nous explorerons différents profils amoureux façonnés par nos blessures d’enfance, pour mieux comprendre nos réactions et transformer nos relations.
