Le Planqué – Entre adaptation et sabotage silencieux
		Un spécialiste de l’adaptation… à ses dépens
Le Planqué se glisse dans les attentes de l’autre avec une habileté déconcertante. Il s’adapte, dit oui, sourit, acquiesce… mais en réalité, il pense non, agit en sous-marin et prend la tangente dès qu’il le peut. Il ne s’agit pas ici de générosité comme chez l’altruiste, mais d’une stratégie pour plaire sans se perdre. Sauf que ce rôle endossé à répétition finit par l’éloigner de lui-même.
Sa réponse aux injonctions parentales de son enfance ? Faire plaisir. Il devient alors un caméléon, calibrant ses réponses, se moulant dans les attentes des autres… jusqu’à l’épuisement. Derrière le masque, il se sent souvent comprimé, coincé entre deux impossibilités : s’il s’adapte, il se nie ; s’il ne s’adapte pas, il risque le rejet.
Un faux self aux commandes
Le Planqué vit dans une forme de double bind : il confond ses envies avec celles de l’autre. Il ne sait plus ce qu’il aime vraiment. Très orienté devoir, il réagit par obligation, pas par désir. Il finit par se rebeller, mais de façon indirecte : il oublie un rendez-vous, sabote une action, se montre passif-agressif.
Il peut dire oui à tout, tout en sabotant discrètement la relation. Son énergie semble bloquée, son corps comprimé. Il peut souffrir de migraines, de troubles digestifs, de fatigue chronique. Et plus il veut faire plaisir, plus il s’épuise et finit par exploser… ou imploser.
Une sexualité ambivalente, une relation sous tension
Dans le couple, le Planqué joue souvent au partenaire idéal. Il séduit, rassure, s’adapte. Mais plus la relation avance, plus il se sent envahi. L’intimité devient menaçante. Il rêve parfois de la relation plus qu’il ne la vit réellement.
Sa sexualité peut devenir frustrante, teintée de ressentiment ou de passivité. Il compartimente, fait semblant, puis lâche prise brutalement. Il prend des distances, donne des coups de frein, tout en entretenant l’illusion d’une implication sincère.
Le piège de la suradaptation
Sous ses airs doux et conciliants, le Planqué cache une grande peur d’être contrôlé, dominé, absorbé. Il devient alors expert du mensonge par omission, du silence culpabilisant, des revanches émotionnelles. Il fait payer son partenaire sans jamais dire les choses clairement.
Sa dépendance affective est masquée par un discours d’indépendance. Il peut même devenir le terreau idéal d’un altruiste ou d’un dépendant affectif, à qui il ne donnera jamais ce qui est important, tout en les culpabilisant de ne pas être satisfaits.
Des pistes pour sortir du masque
Pour évoluer, le Planqué doit d’abord apprendre à reconnaître ses vrais désirs. Il peut retrouver la confiance des autres s’il ose être vrai, poser ses limites, dire non quand il le pense vraiment.
Il doit comprendre que plaire ne suffit pas à construire une relation saine. La véritable liberté affective passe par l’authenticité, pas par la dissimulation.
Des pratiques comme la CNV, l’analyse transactionnelle, la psychanalyse ou les thérapies corporelles peuvent l’aider à se reconnecter à lui-même. Il doit aussi accepter de se montrer, de dire ce qu’il ressent, de vivre pleinement au lieu de se cacher.
Vers un couple adulte
Le Planqué transpose souvent sur son partenaire une figure parentale. Il entre alors dans un rapport infantile, testant les limites, sabotant les attentes. Pour sortir de ce cercle, il doit construire une relation d’adulte à adulte.
Il a besoin d’un environnement secure, de temps seul pour se ressourcer, mais aussi d’un lien rassurant et sans reproches. Il doit comprendre que son besoin d’indépendance cache une grande dépendance, et que l’intimité n’est pas synonyme de contrôle.
Quand il s’autorise à être lui-même, à dire vraiment oui ou non, à se montrer sans trafiquer la vérité, il sort enfin du piège du Planqué… et peut, à son rythme, aimer en vérité
Cet article est le cinquième d’une série inspirée du livre de Véronique Kohn, “Quel amoureux êtes-vous ?”, dans laquelle nous explorerons différents profils amoureux façonnés par nos blessures d’enfance, pour mieux comprendre nos réactions et transformer nos relations.
